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Séjour / Stage à Cape Town
18 juin 2014

Queer in Africa ou un WE d'aventures.... (30-31 mai)

J'ai eu la chance de tomber sur le programme d'un festival « Queer in Africa ». Exactement ce que je recherchais, pour mes recherches de mémoire et mon intérêt perso. Dans mon asso, personne n'a jamais entendu parler du mouvement / identité / mot « queer ». Je me demande depuis que je suis arrivé si c'est un « concept Occidental » ou pas.

 

Je fonce à la première discussion vendredi midi. « What is queer in Africa ? ». J'ai compris récemment qu'il n'y avait pas de « féminisme universel », qu'il évolue et prend des formes diverses, en fonction des cultures, des religions, des classes, et de plein d'autres facteurs... et de l'imbrication de ces différents facteurs (l'intersectionnalité). Quant au queer, je découvre depuis peu ce concept qui prend aussi de multiples formes rien qu'en France. En fait, les définitions sont multiples aussi ici, mais en les ajoutant les unes aux autres, elles permettent de dessiner un quelque chose. Pour certain-e-s, c'est ce qui regroupe tou-te-s les LGBTI ; pour d'autres, c'est un terme contre les catégorisations précédemment citées qui permet de mettre en valeur une pluralité et diversité d'identités et sexualités de genre. Pour une auteure, le queer est un concept large qui regroupe toutes les sous-cultures contre l'hétéronormativité... Un-e autre ajoute que le queer est inconfortable, il ne permet plus ce privilège pour les hétéros de mettre en valeur leurs ami-e-s gays. Échanges riches, j'en prend plein les oreilles, trop contente d'être arrivée ici, je compte bien continuer le festival... Et c'est là que les aventures commencent...

 

Vendredi soir, projection du film « Woubi chéri » sur les problématiques homo et trans en Côte d'Ivoire. J'y vais en mini bus, en ne sachant pas bien comment je vais pouvoir rentrer, car quand il fait nuit, il est pas bon être blanche, seule, dans la rue. Bref. Je rassure Zarina, celle chez qui j'habite en lui disant qu'il y aura sûrement du monde à rentrer dans la même direction qui pourra me déposer à Observatory. La soirée est super, projection, vin et pop corn gratuit ; un film plutôt léger sur des problématiques qui ne le sont pas, surtout là-bas ; un débat intéressant après le film. Il y a des personnes de partout en Afrique qui partagent leurs expériences dans leurs propres pays. C'est comme un bol d'air cet espace-temps, ce festival, ca se sent dans les échanges. Les langues se délient sur des sujets sensibles, les gen-te-s se libèrent. Après le film, à chercher un moyen de rentrer, je rencontre des personnes qui ont organisé-e-s le festival, où qui ont été invité pour l'occasion. On profite du vin, je pose plein de questions. Je découvre le concept du « coconut ». Des personnes blacks, qui sont blanches à l’intérieur. L'apartheid ayant hiérarchisé les couleurs, certains parents se battent pour élever leurs enfants « de manière blanche ». Ainsi ces « coconuts » parlent anglais avec l'accent blanc, ont été élevés dans des milieux blancs. Une coconut m'expliquait son parcours pour retrouver son identité, sa « blackness ». Les rapports de domination ne sont pas seulement imbriqués entre race, sexe et classe. Ils sont multiples et bien plus complexes.....

 

Bref, le théâtre-cinéma ferme, on décide de continuer la soirée à Observatory. On se retrouve à 6 dans une voiture pour 4. Je me retrouve, pas très à l'aise, sur les genoux d'une « vieille lesbienne », comme elle se définit elle-même. Y'a d'l'ambiance dans la voiture, j'ai l'impression que tout le monde se connaît, en fait non. Et soudain, barrage de flic, illes arrêtent les voitures une par une. Je dois me coucher à l'arrière, planquée sous leurs bras et des vêtements... j’entends et ne comprend pas tout ce qui se passes, mais ca commence à stresser... la conductrice doit sortir, ouvrir son coffre, souffler dans le ballon.... Forcément, ca passes pas. Elle est arrêtée, menottée. Les flics sont tellement occupé-e-s à arrêter les gen-te-s qu'illes ne remarquent pas qu'on est 6 à descendre de la voiture. Un gars souffle aussi pour voir s'il peut conduire, évidemment non. Il demande si d'autres ont leur permis. Je répond que oui, mais pas sure de passer au contrôle. De toute manière, après de longues négociations, les flics ne veulent pas de mon permis français. La conductrice se fait donc embarquer dans sa propre voiture, par un flic, et on se retrouve à marcher, en plein milieu de la nuit, pour aller au commissariat. Ambiance étrange, encore dans l'ambiance de la soirée, un peu paumé-e-s, on comprend pas tout ce qui se passe. Une fille stresse, surtout qu'illes sont parti-e-s à deux dans la voiture, sa copine et le flic, et que le harcèlement sexuel n'est pas inhabituel ici, entre autre... Finalement on arrive au comico, la meuf est bien arrivée, on peut même la voir 5mn avec qu'ils l'emmènent en garde-à-vue pour 6h. Bref, vive les soirées queer en Afrique du Sud ! ;)

 

Samedi, je retourne à ce festival. C'est à l'Université encore, mais évidemment pas dans le même bâtiment. Déjà, j'arrive en retard, et en plus, je tourne pendant 30mn, me faisant envoyer d'un bâtiment à un autre.... bref, j'y arrive finalement. C'est la présentation d'une expo « Critically queer ». Les photos et peintures sont oufs, les présentations aussi !

 

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Illes m'impressionnent par ce qu'illes dégagent, expriment. Une force du désespoir... Une participante questionne ce que l'artiste trans recherche dans les gen-te-s autour, si ille recherche une quelconque considération de son humanité, du respect. Ille répond qu'ille ne cherche pas à être accepté-e, ou considéré-e comme un être humain, ille cherche à ce que les gen-te-s se questionnent sur leurs propres identités et leurs propres perceptions de ce qu'est un être humain... Et bim ! Un-e autre artiste raconte comme 1994 et l'essor de la nation arc-en-ciel l'a libéré-e – à travers la rédaction notamment de la Constitution Sud-Africaine, qui protège les droits des personnes LGBTI - et en même temps emprisonné-e dans ces catégories qui ne reflètent pas la diversité des identités et sexualités de genre.

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J'écoute, bluffée par leur courage, la force qui se dégagent d'elleux ! C'est ouf ! Ca se termine et j’entends qu'il y a une autre conférence sur les trans-identités. Mais il faut être invité-e. Tant pis, ca m’intéresse vraiment, je décide d'y aller au culot, on verra bien. Je retraverse la ville à vélo, et arrive dans un grand hôtel avec quelques étoiles apparemment. Je rentre tranquille, prétendant être sure de moi et de là ou je vais.. Je n'en ai aucune idée. Ma couleur de peau ouvre inévitablement des portes... Je trouve un buffet bien garni. Génial, ca me permet et de manger (super bien, soi-dit en passant) et d'observer ce qui se passe autour. Je me dirige ensuite vers ce qui semble être l'entrée de la salle de conférence. Et là, ca coince... On me demande mon nom. Je le donne et demande innocemment s'il fallait s'inscrire avant. On m'explique alors que c'est seulement sur invitation ou alors qu'il faut payer 350 rands (25 euros)... Je joue un peu la comédie, à peine, juste pour montrer ma déception et incapacité à payer cette somme. J'espère qu'illes vont me laisser entrer quand même. Puis j'arrête, je veux pas abuser, ni en faire trop. Illes s'excusent beaucoup, je les remercie et repars. Pas de regrets, j'ai visité un bel hôtel et profité du buffet... ;)

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Séjour / Stage à Cape Town
  • Encore un blog pour relater, partager cette nouvelle aventure, celle d'un séjour de trois mois et demi en Afrique du Sud, et plus précisément, celle d'un stage à ILRIG - Information Labour Research and Information Group – à Cape Town....
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