Une semaine déjà..
Dimanche, donc avant-hier, après la conférence, on m'a emmené en voiture faire le tour de la ville en voiture, jusqu'à la plage. Hallucinant. Je ne m'attendais vraiment pas à ce genre de ville, de paysages.. Des Français-e-s appellent Cape Town la Californie d'Afrique.. Je comprend mieux ! C'est écœurant en fait ces paysages. Entre les gros bâtiments tout neufs construits à même la falaise, qui empiètent sur les plages de sables fin et blanc (!), et ces townships à perte de vue.. Le fossé est énorme entre une richesse exhubérante et une pauvreté absolue, niée, cachée, mais qu'on retrouve à tous les coins de rue, sous forme de mendicité ou d'agressivité.. Il est là le véritable choc culturel pour moi....
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Ca fait déjà une semaine que je suis là... Je commence à prendre mes marques, à développer une sorte de routine, loin d'être ennuyante, mais qui me permet de trouver des repères. Avec la conférence, j'ai été « au boulot » tous les jours depuis que je suis arrivée. Hier, c'était mon premier et mon seul jour off de la semaine. J'en ai profité pour aller me promener un peu, en solitaire.
Lorsqu'on est venue me chercher à l'aéroport pour m'emmener dans les bureaux, j'ai demandé à changer de l'argent - puisque je n'avais que des euros sur moi - en vue d'acheter un portable avec sim locale entre autre. On m'a répondu qu'on verrait ca demain. J'ai eu un rapide flashback de ce genre de réponses en Géorgie. Demain, ca promet des plus tard, qui n'arrivent pas toujours... Je me suis dit : soit je bataille dès le départ, soit je « take it easy ». J'ai opté pour la deuxième option, malgré mon tempérament.... A la fin de la première journée, j'ai seulement demandé à Judy de me dépanner quelques rands, de quoi tenir un ou deux jours... Après trois jours passés ici, sans sortir du quartier, j'avais bien envie de voir ce qu'il y avait autour.
Première étape : prendre les mini bus. A l'auberge, on m'a expliqué rapidement le fonctionnement. Ca fonctionne vraiment comme les marschrutkas Géorgiennes. On fait un signe pour qu'ils s'arrêtent n'importe où sur la route, puis, une fois dedans, on leur demande de s'arrêter où on le souhaite. On se tasse jusqu'à 18 à l'intérieur, disco musique à fond, ca klaxonne tous les 10 mètres, pour prévenir et trouver de futur-e-s passager-e-s. Pour le coup, je me sens blanche. L'apartheid n'appartient pas encore au passé : les blanc-he-s prennent le train ou les bus de ville (les mêmes qu'en France)...
Je pense qu'on pourrait organiser des courses entre marschrutkas Géorgiennes et mini bus Sud-Africains. En terme de conduite, ils s'équilibrent, ils roulent à toute allure, la musique à fond, slalomant entre les voitures. Bref, ca me rappelle d'excellents souvenirs ! A l'arrivée, je découvre le centre-ville, rempli de quelques hautes tours, sorte de wall street de Cape Town, c'est assez déconcertant. Le terminus est une sorte de marché ouvert tous les jours, toute l'année, avec plein de mini boutiques individuelles, des sortes de petites bicoques qui font 3, 4 m2, où on peut trouver tout et n'importe quoi.
La veille, j'ai chopé un sacré mal de crâne. Je ne sais pas si c'est le fait d'être restée quelques heures en plein soleil à 37°, ou les bières de la soirée, ou encore le fait d'avoir la tête en bas en ayant changé d'hémisphère ;) Ou un mélange de tout ca. Dans le doute, j'étais déterminée à trouver un chapeau... Que j'ai trouvé sans problèmes, ainsi que des clopes vendues à l'unité, des fruits et légumes locaux.... J'essaie de négocier le prix du chapeau, mais je ne me sens pas à l'aise, comme illégitime. Je ne sais pas si ca se fait ici déjà, et puis il n'est pas cher au final : j'en ai pour 30 rands, soit 2 euros.
Je commence à marcher vers le centre-ville, je me fais accoster pas mal, je suis en quartier xhosa, qui est une des 11 ethnies et langues nationales. Soit on me demande de l'argent, soit on me félicite pour ma coupe de cheveux, soit les deux. Bref, je fuis. Je cherche un bureau de change - puisque je suis à court d'argent - que je trouve finalement, avec sas d'entrée blindé. Et là, bim, on me demande mon passeport. Évidemment, avec tout ce que j'ai entendu depuis le départ, j'ai tout laissé à l'auberge : passeport et carte bleue. J'ai mon permis de conduire sur moi, j'essaie de négocier, rien à faire, et ca rigole pas ! Je réalise qu'avec mes achats divers, je n'ai même plus de quoi faire un aller-retour en mini bus jusque chez moi (soit 50 centimes d'euros).... Pause reflexion. En France, j'aurais taxé quelques centimes, pour pouvoir prendre le bus, mais ici, une fois de plus, je ne me sens vraiment pas légitime. Je me sens coincée, et vraiment con !! …. Je cherche l'office de tourisme. Illes me conseillent un autre bureau de change. Ce dernier accepte le permis de conduire comme pièce d'identité, mais ca se paie avec une bonne commission. Bref, on apprend de ses erreurs....
Je retourne à l'office de tourisme pour choper quelques cartes de la ville et la région. Je demande comment rejoindre la montagne « lion's head » (la tête de lion) à pied, on me répond que c'est impossible, qu'il faut prendre un taxi. On m'a dit pareil à l'auberge. Tant pis, je commence à marcher dans le centre-ville, un drôle de mélange d'influence, des shops américaines succèdent à des restaurants indiens, des banques aux vitres teintées.... Des mendiants partout. De plus en plus mal à l'aise, je pars vers ce qui me semble être une colline.
Je traverse un quartier avec des maisons de toutes les couleurs et des mosquées.
Comme dans mon quartier (Woodstock), les grandes et belles maisons gardées par des panneaux et des fils barbelés, succèdent à des petits pavillons en mauvais état. Je monte de plus en plus, les bruits incessants de la ville s'estompent, j'entend soudain au loin le chant des mosquées, l'appel à la prière. Je continue à grimper, les nuages me protègent d'un soleil accablant, météo idéale pour marcher...
A la fin des maisons, je demande le chemin pour atteindre le haut de la colline, on me l'indique, je me libère petit à petit, en pleine nature. Les odeurs sont différentes, c'est une sorte de maquis ou de bruyère, mais avec des plantes que je ne connais pas. Plus je grimpe, plus je m'éloigne de la ville, plus je découvre Cape Town finalement, ses contours, son port, l'océan autour....
Je suis contente de ne pas avoir écouté les personnes de l'office de tourisme et de me retrouver sur une petite montagne non fréquentée. Mais quand j'arrive en haut, et bim, un parking, une grosse route et des bancs positionnés face à différents points de vue. Je découvre alors que je suis sur Signal Hill, la troisième montagne de Cape Town.... Je suis blasée, et décide de continuer le sentier. Je me pose pour une sieste méritée en plein soleil cette fois. Je me fais réveiller en sursaut par une attaque de....
Aucune idée de ce que c'est. On se fait peur mutuellement quand je me lève en criant. Je retente la sieste, sans résultat. Dès que je ferme les yeux, "ca" se rapproche, et bien que "ca" ait bien l'air inoffensif, je n'ai pas envie de me faire picorer en dormant.. (des idées sur le nom de cette étrange poule ?)
Je repars, et vois lion's head au loin. J'hésite à peine à poursuivre la rando.
Une unique résidence, bien située en flanc de montagne, avec un drôle de chien de garde....
Vue sur Robben Island, la fameuse île prison où Nelson Mandela a passé pas mal d'années.... (Un Mandiba, loin d'être apprécié et respecté dans mon asso, mais c'est un autre sujet..)
Quelques heures de marche en plein soleil, pour de splendides paysages...
Camp's bay, banlieue riche avec plages de sable fin..
Vue d'une grotte sur Cape Town
...et un panorama à couper le souffle arrivée là-haut, à 360° !
Vue sur Table mountain, qui culmine à 1000m, avec une sorte de vague de nuage par-dessus.... Prochaine étape montagneuse !
Un compagnon de méditation
Bien posée, j'hésite à me faire le coucher de soleil, puis je réalise que je n'ai aucune idée du trajet et temps de retour et pas de lampe. Et puis je me rappelle les discours divers et variés, et je redescend quatre à quatre.... Je trouve une voiture en bas de lion's head qui me ramène en centre ville. Dernier coup de pression quand j'arrive à la station et que je réalise que je ne sais pas quel mini bus prendre pour rentrer chez moi. Quelques allées et venues, discussions et me revoilà embarquée dans ces discos bus.... jusqu'à l'auberge, ce chez moi d'ici.
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Finalement, je ne cherche pas d'appart pour le moment. J'ai pas envie de me stresser, et puis je suis trop bien dans cette auberge, je me suis habituée aux lieux, aux hamacs, aux bains quotidiens dans la piscine, alors qu'il fait encore chaud dehors et sous les étoiles.... Aux gen-te-s qui habitent ici depuis des semaines ou même des mois, aux gen-te-s de passage, aux femmes de chambre qui sont géniales.... Une sorte de maison collective où il fait bon vivre, où il y a toujours quelqu'un-e avec qui partager sa journée, ses questionnements, ou apprendre des expressions d'une langue ou une autre.... J'vais essayer de négocier pour voir si je peux travailler de temps en temps dans l'auberge ou le jardin (!!) pour payer tout ou partie de mon logement.
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